Par Karine Noël
Je suis enseignante au secondaire, alors quelle ne fut pas ma joie lorsque Marja, alias la-meilleure-blogueuse-de-mamans-du-monde, m’a demandé si cela me tentait de faire la critique de romans jeunesse. Je crois que je suis devenue en transe ! Lorsqu’elle m’a remis les romans, je les ai étalés devant moi et j’ai savouré le moment. J’ai reçu une quinzaine d’œuvres sélectionnées par un comité représentant l’Association des libraires du Québec en vue de la remise du “Prix des libraires 2018” dans la catégorie jeunesse. Ce prix permet la reconnaissance de la littérature et de promotion de la lecture et de la culture.
Mon amie me demandait tout simplement de les lire et de vous dire ce que j’en pense. La chance que j’aie ne s’explique même pas, je suis sûre que vous pouvez comprendre. J’espère que je vous donnerai le gout de les offrir à vos ados et, encore mieux, de les lire avec eux !
L’enfant mascara
Simon Boulerice
Leméac Éditeur
16 ans et plus
184 pages
L’intrigue peut sembler banale, soit l’histoire d’un adolescent qui aime une personne sans l’être en retour, mais c’est beaucoup plus profond que cela. Il s’agit plutôt d’une fiction inspirée de faits réels qui se sont déroulés dans la ville d’Oxnard, en Californie, où un adolescent a été accusé d’un meurtre homophobe, voire même transphobe. Larry/Laeticia ne semble avoir peur de rien, que ce soit de porter une jupe ou même d’avouer son amour au garçon le plus populaire de l’école. Par contre, est-ce que les gens de son école sont prêts à passer par-dessus leurs propres peurs ?
Que vous ayez 17 ou 35 ans, ce roman vous rejoindra et vous bouleversera. Il est impossible de rester insensible aux agissements de Larry/Laeticia. Il est totalement épris de Brandon et je dirais même obsédé par lui. La manière dont il agit avec ce garçon frôle le harcèlement. Malgré tout, il est difficile de ne pas succomber au charme du personnage principal. Ce roman est rempli de nuances et on comprend que Simon Boulerice a voulu montrer que dans la vie, tout est une question de perception.
1re Avenue
Émilie Rivard
Éditions Espoir en canne
16 ans et plus
180 pages
♥Finaliste Prix des libraires 2018
Laura vient de terminer son DEC et est tout simplement épuisée. Elle a le goût de prendre une pause de sa vie, de son chum, de ses amis, bref, d’une vie extrêmement organisée depuis trop longtemps. Elle décide donc d’accepter l’offre d’une vieille connaissance qu’elle revoit alors qu’elle est en train de pleurer sa vie devant la mort d’un écureuil et d’aller vivre en colocation avec elle dans le quartier de Limoilou situé à Québec.
Je crois que les aventures de cette jeune femme pourront rejoindre plusieurs personnes qui se trouvent présentement à ce carrefour de leur vie, soit la fin du secondaire ou du cégep, ne sachant pas trop si elles ont fait le bon choix et qui remettent tout en question. Il y a 26 chapitres et chacun d’entre eux est associé à une chanson comme Smells like teen spirit de Nirvana ou The great escape de Patrick Watson. Laura précise que sa trame sonore est en lien direct avec ce qu’elle vit. De plus, on dirait que la longueur des chapitres est parfaite pour que la lecture de ces derniers prenne le même temps que la durée de la chanson. Je me suis amusée à faire l’exercice et à chercher chaque chanson. Cela rendait le roman très original et j’ai I am the Walrus (chanson du chapitre 6) dans la tête depuis. Goo Goo G’joob!
Louis parmi les spectres
Fanny Britt et Isabelle Arsenault
Éditions La Pastèque
12 ans et plus
124 pages
Premièrement, je dois avouer que je suis vendue à Fanny Britt et j’aime beaucoup ce qu’elle fait. J’avais adoré son roman graphique Jane, le renard et moi, alors j’étais très heureuse de pouvoir lire sa nouvelle œuvre. Cette fois-ci, l’auteur aborde des thèmes comme l’alcoolisme d’un père, les peurs d’une mère, le courage, l’amour et l’amitié. Plusieurs sujets et paroles dans ce roman portent à réflexion et permettent de belles discussions entre les personnes l’ayant lu. Les parents de Louis viennent de se séparer et le garçon partage son temps entre les résidences de ces derniers. Les images créées et les couleurs utilisées par l’illustratrice Isabelle Arsenault sont vraiment appropriées selon les circonstances de l’histoire. Que ce soit le jaune pour l’amour ou le noir pour l’alcoolisme du père, je comprenais parfaitement les émotions du jeune, même s’il n’y avait aucune parole. Il s’agit d’un beau roman, tant pour le contenu que pour le contenant.
Chroniques post-apocalyptiques d’une enfant sage
Annie Bacon
Éditions Bayard Canada
12 ans et plus
119 pages
♥Finaliste Prix des libraires 2018
Je vous partage maintenant la critique d’une de mes anciennes élèves, Juliette Veilleux, qui a dévoré ce livre.
Comment une jeune fille de 13 ans fait-elle pour survivre pendant l’apocalypse ? Ses parents sont morts en la protégeant et seuls les conseils que son père lui a dits peuvent l’aider à s’en sortir. Traînant avec elle sa valise bleue, son seul souvenir du monde d’avant, Astride tente de survivre dans une bibliothèque de Montréal. Elle assiste à des choses horribles causées et orchestrées par les humains. Tentera-t-elle de sortir de la bibliothèque ? Va-t-elle survivre ?
En finissant de lire ce roman, je ne savais plus quoi penser, j’étais incapable de mettre le doigt sur la morale de l’histoire tellement celle-ci était troublante. J’ai finalement fait lire le livre à mes amies pour savoir ce qu’elles en pensaient et pour résoudre ce beau problème.
La conclusion est simple : le livre fait réfléchir sur le sens de notre vie. Comment ferions-nous pour survivre si, du jour au lendemain, une catastrophe frappait nos vies ? La vie de l’être humain est si éphémère qu’il est essentiel de la vivre pleinement, de profiter de chaque moment important. J’aimerais aussi parler du sang-froid de la jeune fille de l’histoire, je trouve que c’est un exemple que tout le monde devrait suivre. Son courage et sa détermination sont exemplaires, tout comme sa capacité à s’adapter. Sincèrement, chapeau à l’auteure.
Bref, j’espère que ces suggestions vous aideront un peu à faire un choix éclairé parmi toutes les œuvres proposées aux jeunes. Ce que j’ai particulièrement aimé de tous ces romans, c’est qu’ils permettent de belles discussions, ce qui manque parfois quand nos enfants sont rendus ados ! La prochaine fois, je parlerai de romans contenant plus d’action !
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