L’autre jour, lors d’une conversation téléphonique avec une gentille (et super patiente) agente de voyage.
Moi : Donc, si je prends cette assurance, vous pouvez me garantir que je peux annuler à n’importe quel moment?
La gentille madame : Oui, sans problèmes.
Moi : Et advenant qu’un de mes enfants soit gravement malade la veille, je peux décider même à la dernière minute d’annuler mon voyage?
Elle : Oui madame.
Moi : Ok et si je décide de changer d’idée, car je trouve que finalement, ce n’est vraiment plus une bonne idée de partir…
Elle : Oui, c’est possible.
Moi : Même si c’est le matin même, parce que je serais en train de brailler ma vie en petite boule dans un coin parce que je ne sais pas comment je vais vivre sans mes enfants pendant 7 jours (bon, je n’ai pas dit cela exactement comme ça, mais c’est ce que ça voulait dire…)
Elle : Oui!
Moi : bon OK…
Fin de la conversation après avoir donné le numéro de ma petite carte en plastique.
Quelqu’un qui m’aurait surprise au téléphone aurait pu croire que je venais d’apprendre la mort d’un proche. Ça ou la séparation des Backstreet Boys…
Quand j’ai raccroché, ça m’a pris quelques instants pour réaliser ce que je venais de faire… Je ne le croyais pas moi-même. J’allais partir en voyage avec deux amies, sans enfants et sans amoureux pendant sept jours. Sept longs jours pendant lesquels je n’aurais qu’à penser à moi. Le rêve! J’aurais dû sauter de joie, crier à qui voulait l’entendre que j’aurais congé de routine pendant une semaine… Non. J’étais plutôt là assise sur le divan la larme à l’œil, me demandant ce que je venais de faire.
Pourtant, ce voyage-là, croyez-moi, j’y ai tellement rêvé. J’y rêvais à chacune des grosses crises de mes enfants, à chaque SPM , à chaque fois que je me sentais dépassée par la routine, à chaque fois que je perdais patience pour une niaiserie, à chaque fois que je ne me trouvais pas à la hauteur… À chacun de ces moments, je rêvais d’avoir enfin du temps pour moi. Juste moi. N’avoir rien à faire, aucun repas à planifier, aucun horaire à respecter, aucune brassée à plier, aucune crise à gérer. N’avoir qu’à me demander quel roman j’avais le goût de commencer et… dormir. Ahhhhhh… Pouvoir enfin dormir d’un sommeil réparateur.
Maintenant que mon souhait est exaucé, j’ai le cœur à l’envers. Au moment où j’écris ces mots, les lettres du clavier sont embrouillées. Je me sens terriblement mal de partir une semaine loin de ma famille. Pourtant, je sais très bien que tout va bien se passer. Je n’ai même pas besoin de m’inquiéter. J’ai quand même cette petite voix (la maudite) qui me dit : « Et si pendant ces sept jours, on ne me trouvait finalement pas si indispensable… Et si mes enfants et mon chum ne s’ennuyaient pas de moi? C’est un peu extrême, je sais, mais ça serait de vous mentir de vous dire que cela ne me traverse pas l’esprit.
Partir une journée ou l’instant d’un souper avec des amies, je l’ai fait. Souvent. Une semaine, à vrai dire même une nuit, jamais. Quand je mentionne à quelqu’un que je pars en voyage seule, pas de chum pas d’enfant, par crainte d’être jugée, je me vois automatiquement le besoin de leur justifier que je ne vais pas là pour me reposer et non faire le party.
Pour une des rares fois dans ma vie, j’ai l’impression d’être égoïste.
Annuler ce voyage, j’y ai pensé des milliers, pour ne pas dire des millions de fois. Pourtant, j’en ai besoin plus que jamais. À force d’essayer de me faire croire qu’une maman, ça n’a pas besoin de “break”, j’ai dû me rendre à l’évidence, je me suis épuisée. Mentalement et physiquement. Et si ce voyage et le fait de pouvoir penser à moi n’étaient pas aussi égoïste que je le crois? J’ai bien l’impression que c’est ce que je vais réaliser au cours de la prochaine semaine, même si j’appréhende tout de même celle-ci beaucoup un peu.
D’ici là, c’est avec ma culpabilité et mon téléphone rempli de photos de mes enfants, que je m’apprête à monter à bord de l’avion…